Armés de masses, de haches, de disqueuses et d’une pelleteuse, vingt personnes ont saccagé le squat de la Récré

En matière de squat comme dans d’autres cas en état de droit d’aucun n’est censé se faire justice soit même et encore moins d’en infliger les peines. Le 14 février au matin, vingt personnes ont cependant débarqué dans un squat installé depuis trois mois à Aubervilliers. Ils étaient armés de masses, haches, disqueuses et même d’une pelleteuse. Pendant que certains coupaient les cadenas laissant accès à la pelleteuse, d’autres ont sauté les murs d’enceintes et sont entrés de force dans le bâtiment. Ils ont attaqué les espaces d’habitation et d’ateliers et tout saccagé sur leur passage. Vous pouvez voir l’étendu des dégâts sur cette vidéo ou ces images. Ils sont revenus vendredi et ont arraché les fusibles alimentant le bâtiment en électricité.

 

Les assaillants ont frappé plusieurs personnes du lieu et ont proféré des menaces de mort.  Trois habitants ont dû aller à l’hôpital. Les attaquants se déclarent comme faisant parti du Five, un établissement voisin qui veut récupérer le bâtiment de la Récré pour étendre son activité de football en salle. Selon leurs dires, ils sont locataires du lieu, bien qu’ils n’aient apporté aucune preuve et qu’ils tenaient un discours différent lors des premières rencontres. En effet, ils n’en sont pas à leur première visite dans les locaux et savaient déjà depuis plus de deux mois que les habitants avaient élu domicile dans ce bâtiment. Ils auraient dû entamer une procédure d’expulsion par voie légale. Ils ont préféré se faire justice soi même. C’est inadmissible. Nul n’est censé ignoré la loi dit l’adage et il n’y a que le droit qui exerce la loi.

 

Un des gérants du Five a été le plus violent des agresseurs. Armé d’un merlin – une hache pour découper du bois – il a frappé à deux reprises un des habitants, dont une fois dans le dos. Les coups ont été donné heureusement depuis le côté masse du merlin, mais les séquelles auraient quand même pu être grave. Il a ensuite donné deux coups de poing à un autre habitant et l’a menacé de mort. Une plainte a été déposée contre lui et il a passé une journée en garde à vue. Espérons que ses actions ne restent pas impunies. EDIT : trois jours après, plusieurs personnes sont venues menacer un habitant, en lui disant qu’il y aurait des représailles s’il ne retirait pas sa plainte.

 

Lors du dépôt de plainte, un agent de police a signifié aux squatteurs que c’était normal, qu’il était à Aubervilliers ici. La ville serait-elle un no-man’s land ? Bien que des agents de police soient arrivés dans les dix minutes qui ont suivi la prise d’assaut du squat, ce qui a permis d’éviter le pire, ils ont conseillé aux squatteurs de plier bagages. Apeurés et intimidés, certains sont partis, tandis que d’autres dorment toujours sur place et craignent pour leur sécurité.  On se croirait dans un mauvais western, sauf que ce n’est pas une fiction et que c’est aujourd’hui plusieurs personnes qui se retrouvent à la rue.

 

Depuis toujours, les propriétaires ont eu recours à des formes d’intimidations, que ce soit par la force, l’argent, ou encore la justice. Or, les propriétaires sont dans l’obligation de suivre la procédure légale et ne peuvent utiliser de telles pratiques. Il est important qu’une décision judiciaire soit prise à l’encontre de la société Five et de son gérant, responsable de cette agression.

 

Le phénomène squat n’est pas nouveau à Aubervilliers. Il est impératif que la ville, les forces vives du milieu alternatif et les associations se mobilisent pour ne pas conforter les préjugés d’insécurité et de violence associés à Aubervilliers. Les installations de lieux culturels et associatifs est un véritable poumon pour la ville. En tant que lieux de vie, les squats sont de véritables laboratoires du vivre ensemble que les autorités ne peuvent pas ignorer.

 

Attaque de la Récré