Faisons des ponts entre les mouvements plutôt que d’ériger des barrières

Cette tribune est une réponse à une autre parue le 28 novembre 2015 : Le Jardin d’Alice parachuté à Montreuil .

 

Le Jardin d’Alice n’a pas pris un lieu au Baras ou à d’autres collectifs basé sur Montreuil ou les environs. Ce lieu était vide depuis longtemps et était très bien protégés. De nombreux groupes ont essayé de l’ouvrir et tous ce sont cassés les dents. Je le sais que trop bien, nous avons nous même passé de nombreuses nuits à errer dehors et dedans ce bâtiment ! C’est malheureusement la triste vérité : si le propriétaire est prêt à dépenser une fortune pour sécuriser un lieu, il n’y a malheureusement rien que nous squatteurs ne puissions faire. Alors tant mieux si le Jardin d’Alice a pu s’y installer et faire revivre se lieu. Car c’est ce qui importe au final : remplacer du vide par du plein, apporter quelque chose là où il n’y avait plus rien. Montreuil et ses environs ne manquent pas de forteresse laissées vacantes, attaquons-nous plutôt à celles-là plutôt que de critiquer les collectifs qui ont réussi à faire leur chemin.

 

Chaque lieux est différent. Le milieu des squats en Île de France regroupe des gens de tous horizons, mais qui partagent tous rejet du système actuel. Nous sommes tous le produit de notre éducation et des idées que la société essayent de nous faire adopter. Tout le monde n’a pas eu la chance d’être à un moment imprégné d’idées libertaires et anarchistes. Bien qu’aspirant à un autre mode de fonctionnement, certains squats reproduisent par défaut des modes d’organisation issus du capitalisme, notamment l’instauration d’une hiérarchie ou la volonté de faire de l’argent. Mais si l’on creuse un peu plus, on s’aperçoit vite que dans la plupart des cas, ce n’est pas parce qu’ils ont intrinsèquement envient, mais parce qu’ils ne connaissent rien d’autres et n’ont pas (encore) conscience que d’autres solutions fonctionnent encore mieux. Plutôt que de les pointer des doigts, ne serait-ce par mieux de leur tendre la main pour leur montrer qu’un monde meilleur est possible ?

 

Les rassemblements anti-COP21 ont d’ailleurs créés de nombreux liens entre groupes qui étaient autrefois séparés pour de bêtes querelles de clochers. Les principaux lieux d’accueil réellement actifs contre la COP21 sont justement décriés dans cet article. Le Jardin d’Alice et l’Annexe accueillent tous les jours des centaines de militants français et internationaux. Les assemblées contre les violences policières ou les Fanfares Invisibles qui se réunissaient auparavant au Transfo sont depuis longtemps hébergées au Stendhal. Les assemblées anti-COP21 se réunissent deux ou trois fois par semaine à l’Annexe depuis des semaines et sont passés auparavant par la Petite Maison. Idem pour la coordination francilienne des marches des ZAD. Dans la même veine, les réunions logements ou juridique anti-COP21 ont eu lieu à la CICP et la CNT et la Parole Errante accueillent sans cesse des événements de soutien. Ces critiques ne doivent pas nous empêcher de faire notre chemin. L’important, c’est d’avoir un maximum de lieux alternatifs et autogérés qui permettent de faire des choses ensemble.

 

Les moyens d’action du Jardin d’Alice sont peut-être très différents que ceux d’autres collectifs de Montreuil, mais il ne faut pas oublier que tous partagent de nombreux objectifs communs : la sortie du capitalisme, la recherche d’un nouveau mode d’organisation et de consommation, une ouverture aux autres et non un repli communautaire !

 

Le Jardin d’Alice n’a en aucun cas été parachuté à Montreuil par la Mairie de Paris, qui a au contraire tout fait pour les mettre au placard. S’ils ont réussi à signer une convention sur ce bâtiment, c’est parce qu’ils sont allé démarcher directement le propriétaire. Que l’on approuve ou non cette démarche, il ne faut pas non plus oublier que Montreuil n’appartient ni à V, ni au Baras, ni au Jardin d’Alice. Il appartient à tous ceux qui y vivent et y font des choses.

 

No border.