Cet appel est paru le 13 septembre sur le site de squat!net.
Dans son ELAN, la RĂ©publique (en) marche sur la gueule des pauvres.
Le projet de loi ELAN (Ăvolution du logement et amĂ©nagement numĂ©rique) vise Ă rĂ©former le droit immobilier. Il a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au Conseil des ministres en avril 2018, discutĂ© Ă lâAssemblĂ©e nationale et au SĂ©nat depuis.
Il prĂ©sente plusieurs mesures anti-pauvres, dont une est particuliĂšrement horrible: lâarticle 58 ter.
Cet amendement a Ă©tĂ© ajoutĂ© par la droite LR (Les RĂ©publicains), il est spĂ©cifiquement anti-squat et vise, en termes juridiques, Ă mettre au mĂȘme niveau lâoccupation de logements vides (laissĂ©s Ă lâabandon depuis plusieurs mois, parfois depuis des annĂ©es) et la violation de domicile (câest-Ă -dire lâintroduction dans un logement oĂč des personnes habitent), celle-ci Ă©tant rĂ©primĂ©e aujourdâhui par une expulsion immĂ©diate sans jugement et une condamnation allant jusquâĂ un an de prison et 15 000 euros dâamende.
Pour lâinstant, les juges doivent dĂ©cider des Ă©ventuels dĂ©lais avant expulsion pour les squatteur-euse-s entrĂ©-e-s dans des lieux laissĂ©s vides par leurs propriĂ©taires, mais pas dâillusion, la loi est trĂšs claire: le droit de propriĂ©tĂ© passe avant le droit au logement. Lâexpulsion est systĂ©matiquement dĂ©cidĂ©e par les juges.
JusquâĂ maintenant, le squat nâest pas pĂ©nalisĂ©. Il nâest pas supposĂ© mener en prison, et constitue une solution de secours pour des gens qui sans ça seraient Ă la rue (faut-il rappeler que selon la Fondation AbbĂ© Pierre il y a en France plus de quatre millions de personnes mal-logĂ©es ?).
En mettant au mĂȘme niveau lâoccupation de bĂątiments vides et abandonnĂ©s et la violation de domicile, ce projet de loi chercher Ă punir celles et ceux qui sont dans une impasse Ă©conomique et sociale. Et en ne faisant plus la part des choses entre des pratiques dâoccupation qui nâont pas grand-chose Ă voir entre elles, on peut se demander si les parlementaires veulent inciter Ă ce que les squatteur-euse-s ne fassent pas la part des choses non plus⊠Effectivement, si sâinstaller dans un domicile meublĂ© avec tout le confort, contrats dâeau et dâĂ©lecâ en cours, nâest pas moins risquĂ© pĂ©nalement que dâoccuper un bĂątiment vide et laissĂ© Ă lâabandon, alors quoi ?⊠Messieurs-dames les dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs, sĂ©natrices, on va occuper vos domiciles principaux ! Câest ça que vous voulez ?
Cette proposition de loi est insensĂ©e. Ce quâelle provoquerait si elle Ă©tait appliquĂ©e, câest encore plus de logements vides, et encore plus de gens Ă la rue. Sachant que dans ce pays il y a dĂ©jĂ plus de logements vides que de gens Ă la rue, qui nous expliquera le bon sens de cette proposition de loi ?
Si on suit bien leur logique, cette loi devrait mener beaucoup plus de gens en prison, alors que les taules sont déjà surpeuplées. Mais on tentera sûrement de nous rassurer en nous disant que des projets de construction de nouvelles prisons arrivent tout bientÎt⊠Intéressant projet que celui de mettre des pauvres à la rue, puis en prison simplement pour avoir essayé de dormir sous un toit.
Le 19 septembre, une commission mixte paritaire (composĂ©e de sept sĂ©nateurs et sept dĂ©putĂ©s) se rĂ©unira au SĂ©nat, Ă Paris, dans le but dâĂ©viter un nouveau passage du texte devant lâAssemblĂ©e et donc dâaccĂ©lĂ©rer la mise en application de la loi ELAN, et potentiellement de lâarticle 58 ter.
La RĂ©publique En Marche et Les RĂ©publicains semblent avoir en commun la haine des pauvres et lâamour des inĂ©galitĂ©s sociales. Les politicien-ne-s en gĂ©nĂ©ral, dĂ©putĂ©s, sĂ©nateurs et autres, ne font pas partie de celles et ceux qui galĂšrent pour se loger. La plupart dâentre eux partagent le privilĂšge de possĂ©der chacun-e plusieurs logements, tandis que nous autres nâen possĂ©dons aucun. Si nous ne squattons pas, nous devons nous ruiner pour nous loger, et remplir un peu plus les poches de gens qui ont dĂ©jĂ beaucoup plus dâargent que nous. Câest la logique du capitalisme, y compris dans un « Ătat social » comme la France. Alors que les politicien-ne-s, bourgeois-es de leur Ă©tat, protĂšgent leurs privilĂšges, ce nâest guĂšre Ă©tonnant.
Mais quand mĂȘme⊠La majoritĂ© LREM (La RĂ©publique En Marche) va-t-elle se soumettre aux desiderata de lâopposition de droite LR en faisant appliquer leur article 58 ter ? La suite, au prochain Ă©pisodeâŠ
La loi ELAN est une raison supplémentaire de se révolter et de vouloir en finir avec ce systÚme capitaliste qui détruit la planÚte et bousille nos vies.
Non Ă lâarticle 58 ter, non Ă la loi ELAN dans sa totalitĂ©, non Ă la justice de classe !
RASSEMBLEMENT CONTRE LA LOI ELAN
MERCREDI 19 SEPTEMBRE 2018, Ă 12H30
DEVANT LE SENAT, EN HAUT DE LA RUE DE TOURNON, PARIS VIe
MĂTRO ODĂON OU RER LUXEMBOURG
(On restera jusquâĂ la fin de la « commission mixte paritaire », qui peut durer plusieurs heuresâŠ)
Septembre 2018
Des squatteur-euse-s et des galérien-ne-s du logement de Paris-banlieue
Contact:Â personne@@@squat.net
Post-scriptum: ce texte est focalisĂ© sur lâaspect anti-squat du projet de loi ELAN, mais la loi ELAN dans son ensemble prĂ©sente dâautres points critiquables et problĂ©matiques, notamment lâarticle 40 bis qui permet la rĂ©siliation du bail de plein droit, et donc possiblement lâexpulsion de toute une famille locataire, lorsque lâun-e des habitant-e-s dâun logement a Ă©tĂ© condamnĂ©-e pour usage ou trafic de stupĂ©fiants. Pour plus dâinfos, voir le texte du DAL38.
Enfin, dâautres mobilisations auront lieu ces prochains jours contre la loi ELAN :
15/19 :Â Angers
18/09 : Lille, Grenoble, Montpellier, Rodez, Toulouse, Bordeaux, Limoges, Nantes, Rennes
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