Un lendemain électoral douloureux : le département de Seine-Saint-Denis expulse la crèche Berthier à Pantin

crecheUn lendemain électoral douloureux : le département de Seine Saint-Denis, à peine les bureaux de vote fermés, demande aux occupants de la crèche Berthier à Pantin de partir alors que les travaux ne sont pas programmés. Les mal-logés sont toujours plus nombreux, mais le bâtiment va rester vide, et pour longtemps.

 

La crèche Berthier à Pantin a été désaffectée en 2012. Bien que la fermeture de la crèche soit programmée de longue date, le bâtiment restera vide pendant près de quatre ans. Le chauffage est à fond et des fuites d’eau commencent à l’abîmer sérieusement. C’est dans cet état que les habitant-e-s de la Crèche le trouvent en mars 2016. Ils y emménagent, arrêtent sa dégradation et leur nombre monte vite à 15 personnes : étudiants, migrants, travailleurs sociaux et même une femme enceinte, tous et toutes précaires qui vivaient auparavant sur le canapé d’ami-e-s, dans des voitures et même pour certain-e-s dans la rue.

 

Depuis leur arrivée, la demande des habitant-e-s est simple : pouvoir rester dans les lieux jusqu’au début de travaux ou jusqu’à la vente du bâtiment, qui appartient au Département de la Seine Saint-Denis. Le propriétaire refuse en bloc tout négociation et assigne rapidement les habitant-e-s en justice. C’est ainsi que le 16 avril 2017, la Cour d’Appel de Paris décide de leur expulsion sans délai.

 

Les habitant-e-s bénéficient d’un court répit, car le Conseil départemental rechigne à procéder à des expulsions durant les élections. Mais ce répit ne sera que de courte durée. Les élections terminées, le Conseil départemental va pouvoir profiter de la pause estivale pour procéder à son lourd programme d’expulsion. Ainsi, le 19 juin 2017, soit le lendemain des élections, un huissier passe déposer les commandements de quitter les lieux. Les habitant-e-s ont jusqu’au 3 juillet pour s’en aller, l’expulsion par les forces de l’ordre étant déjà programmée. La mort dans l’âme et sans réel choix, les habitant-e-s acceptent de partir de « volontairement ».

 

Pourtant, rien n’obligeait le Conseil départemental a procéder à cette expulsion.

 

En effet, la vente du bâtiment n’est encore qu’un projet, d’autant plus que celui-ci est classé, et par ailleurs qu’il jouxte un centre médico-social, toujours en activité et appartenant au même ensemble immobilier. Si le déménagement de ce dernier est bien prévu, cela ne se fera qu’en 2019 au mieux, vers un nouveau lieu qui n’est pour l’instant encore qu’un terrain vague !

 

La visite d’ouvriers passé-e-s mesurer la taille des fenêtres et des portes il y a quelques jours semble indiquer que la crèche, une fois vide, sera murée. Ainsi, une fois l’expulsion effectuée, la crèche risque fortement de rester vacante pendant plusieurs années…

 

Oui, Le Conseil départemental aurait pu laisser des mal-logé-e-s habiter dans les lieux, ce qui permettait au passage d’entretenir le bâtiment sans frais.
Mais non, le Conseil départemental préfère y laisser du vide et dépenser l’argent du contribuable afin d’empêcher d’autres mal-logé-e-s de s’y installer.

 

Encore un exemple qui prouve qu’avec d’un peu de bon sens et de courage politique on peut remédier à des situation d’impasse social, mais cela semble malheureusement denrée rare ces jours-ci.
En attendant, les habitants et les habitantes de la crèche pourront retourner vivre dans la rue.