Expulsion imminente du Landy Sauvage ?

Quarante personnes et des associations humanitaires jetées à la rue du jour au lendemain par le maire de Saint-Denis ?

En plein confinement et alors que la trêve hivernale a été prolongée jusqu’au 31 mai, la mairie de Saint-Denis a émis aujourd’hui, le mardi 23 mars 2021, un arrêté de fermeture immédiate du Landy Sauvage, un lieu d’accueil et de soutien aux plus démuni ·es de 7000 m². Elle ordonne l’arrêt des activités publiques et l’évacuation de tou·tes les habitant·es du bâtiment, et ce, immédiatement.

 

Une décision judiciaire a statué en juillet dernier que l’occupation était légale jusqu’au 28 juillet 2021. La mairie et le propriétaire ont été informés de la volonté du collectif du Landy Sauvage de respecter cette décision. La mairie de Saint-Denis ne peut pas se substituer à la justice rendue. Cette décision, brusque et unilatérale, qui intervient en pleine crise sanitaire mondiale et alors que la trêve hivernale est prolongée, apparaît comme particulièrement injuste.

 

Une quarantaine de personnes habitent le lieu au quotidien : familles, enfants, étudiant · es, précaires, travailleurs·ses et engagé·es de toute part. L’expulsion immédiate du Landy Sauvage engendrerait une mise à la rue pure et simple de nombreuses personnes précaires n’ayant actuellement aucune autre solution d’hébergement. En revanche, le respect des délais accordés par le juge d’exécution des peines permettrait de poursuivre la recherche de solutions décentes, afin de permettre à une quarantaine de Francilien·nes de survivre.

 

Cet arrêté est motivé par un rapport de la Commission communale de sécurité et d’accessibilité ayant « émis un avis défavorable à l’accueil du public dans l’ensemble de l’établissement précité et précise l’urgence à faire cesser toute activité dans les plus brefs délais ». Les motifs établis par la municipalité mettent en cause la sécurité du lieu en tant qu’espace recevant du public. Or, suite à la crise sanitaire, le Landy Sauvage n’accueille déjà plus de public dans ses locaux. Ainsi, certaines normes mentionnées comme non respectées par le procès-verbal ne correspondent en rien à la réalité. Il n’y a donc aucune urgence à mettre à la rue immédiatement les habitants et les habitantes ; ni à fermer les espaces de soutiens aux réfugié · es et aux sans-abris.

 

Quelle urgence y-a-t-il à expulser avant le 28 juillet ?

 

Le collectif du Landy Sauvage

Éléments d’information

Dans sa volonté de mettre à la rue les habitant-es et les associations humanitaires du Landy Sauvage, le maire socialiste de Saint-Denis fait preuve d’une grave méconnaissance du dossier et ne résiste pas à utiliser la manipulation.

 

Commandée par le Maire, une Commission communale de sécurité, comprenant une élue de sa majorité, a effectué le 23 mars une visite du bâtiment et a conclu que le Landy Sauvage ne satisfaisait pas aux normes régissant les établissements recevant du public (ERP). M. Hanotin utilisait le jour-même cette non-conformité à recevoir du public pour demander une fermeture immédiate de l’ensemble du bâtiment, habitations comprises, en feignant la surprise de découvrir que le lieu abritait des logements.

 

Or, le Landy Sauvage n’a jamais prétendu être un ERP et la vocation d’habitat est connue depuis 3 ans, puisqu’elle motive même la procédure judiciaire d’expulsion. Le collectif avait par ailleurs entamé avec la municipalité précédente un processus de mise aux normes du bâtiment, qui avait donné lieu à de nombreuses réunions et visites de la totalité du site, en présence des élus et services de la Mairie, Plaine Commune, ou encore du propriétaire l’EPFIF. Un audit, commandé à un bureau d’étude pour proposer des scénarios chiffrés de mise aux normes, a été remis à la mairie avant les élections de juin 2020. Une fois élue, la nouvelle majorité socialiste de M. Hanotin a enterré le rapport qui, malgré les demandes du collectif, n’a jamais été transmis pour poursuivre les efforts de sécurisation du bâtiment.

 

En conseil municipal et dans la presse, le Maire crée la confusion en liant l’enjeu de l’accueil du public à un incendie ayant eu lieu le 8 mars. Celui-ci avait touché un petit bâtiment annexe et d’habitation. Les dispositifs d’alarme et d’extinction incendie ont permis d’éviter tout blessé et de retarder l’expansion du feu dans l’attente des secours. Suite à l’incendie, la sécurisation immédiate du lieu a été saluée par les pompiers et l’architecte de sécurité et des sinistres de la Mairie de Saint-Denis qui a conclu, quelques jours après l’incendie, à l’absence totale de péril sur les autres bâtiments. Par ailleurs, le Landy n’accueille plus de public depuis 1 an en raison de la crise sanitaire, et à l’exception de l’AMAP et quelques réunions.

 

L’accueil du public subsistant a cessé immédiatement en conformité avec les conclusions de la commission de sécurité et les habitants sont protégés de toute expulsion par décision de justice (juge d’exécution du Tribunal de Grande Instance de Bobigny du 4 août 2020) jusqu’au 28 juillet 2021.